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Le tatouage revient en force cet été!

Offrez-vous un tatouage au henné ... un caprice qui s'efface!

Une entrevue avec El Aziz Sida qui parcourt le monde sur Air Maroc.
Elle nous explique cet art traditionnel qui est intégré au patrimoine culturel de son pays.

Pourquoi souffrir le martyr avec des aiguilles? Pourquoi dépenser des sommes folles pour faire enlever un tatouage permanent qu'on a fait faire sur un coup de tête? Le tatouage au henné se fait au pinceau, à la seringue, en surface sans pénétration de l'épiderme. Il est sécuritaire, temporaire, sans douleur. C'est un plaisir. Avec un maillot de bain, ou un décolleté estival, le tatouage prend un air taquin.

Combien de temps dure un tatouage au henné?

Le tatouage au henné se conserve de 2 à 3 semaines selon la température de votre corps.

Si vous désirez un tatouage d'un soir, on le tamponne légèrement avec un linge imbibé de jus de citron, d'ail, de poivre et de sucre et, le lendemain, on retire le henné avec de l'huile d'olive.

La durée du tatouage peut aussi varier selon le Ph de votre savon, votre environnement tel que chaleur ou humidité et votre type de peau.

Vous pouvez ensuite, au gré de votre fantaisie, faire relâche, changer de motif, choisir une autre partie du corps selon votre inspiration.

De quelle couleur est-il?

Le henné naturel donne des tons de marron à orange. Il est amusant de voir la transformation du henné sur l'épiderme. Lorsqu'on l'applique, il est marron foncé, très épais, un peu grossier - cf. la photo ci-haut en bas à gauche. Aussi doit-on le laisser sécher pendant au moins une heure avant de se laver. Il "tombe", se raffine. Selon la pigmentation, le degré d'acidité, il changera de couleur. Jour après jour, vous découvrirez une nouvelle teinte à votre tatouage.

Si vous travaillez au sec ou au froid, la couleur demeurera foncée; si vous transpirez, si vous avez chaud, la couleur pâlira. Il en va de même selon l'endroit du tatouage: il demeurera plus foncé sur la main qu'à l'intérieur.

Combien de temps doit-on le laisser sécher?

Il est important de laisser sécher le tatouage au moins une heure avant de se laver ou d'enfiler un vêtement, davantage dans le cas d'une chaussure. Le processus d'absorption des pigments contenus dans le henné est relativement long. Pour obtenir un résultat maximal, le temps d'attente est très important.

Dans le cas d'un dessin complexe, on utilise parfois quelques gouttes d'huile essentielle pour remplacer le citron ou l'eau de fleur d'oranger. Le séchage est plus long et la couleur tient encore mieux.

Au Maroc, les pieds et les mains sont maintenus au dessus d'un kanoun pendant le séchage.

Chez nous, raconte El Aziz, l'application du henné est souvent l'occasion d'une petite fête ; la cérémonie donne lieu à l'invitation de la famille, des amies et pendant l'élaboration de la pose, on offre le thé et parfois un repas. Les séances fort longues sont accompagnées selon la tradition, de chants, de poèmes, un réel plaisir berce les âmes.

Préparation

Les feuilles de henné sont tout d'abord séchées puis réduites en poudre au mortier. On la vend en sachet pour l'utilisation courante.

El Aziz nous explique qu'elle utilise:

  • 2 c. de poudre de henné
  • 1 petit verre à thé d'eau
  • 1 c. de jus de citron ou d'eau de fleur d'oranger

et elle mélange le tout pour obtenir une pâte onctueuse. Il faut la chauffer un peu pour que la couleur tienne mieux et attendre deux ou trois minutes avant de l'utiliser.

Chez nous, c'est un art et chaque femme développe ainsi son côté artistique mais vous pouvez utiliser un pochoir pour un dessin plus complexe.

Qu'est-ce que le henné?

Le henné est le même qu'on utilise pour les cheveux et le tatouage. Il ne pousse que dans les régions désertiques. S'il atteint 1 mètre de hauteur dans les oasis sahariennes, ses feuilles ne sont pas plus longues et pas plus larges que l'herbe de nos gazons. Le henné est récolté en abondance au Maroc dans la région d'Azzemour. L'odeur suave et capiteuse rappelle l'exhalaison du réséda. De nos jours, au Caire, le réséda porte le nom du tamr elhanna.

Le henné ou lawsonia inermes, est un arbrisseau de la famille des lythaiées. Il est ramifié de feuilles simples de couleur vert brillant et de feuilles blanches à quatre pétales disposées en bouquets odorants. Les feuilles fournissent une teinture jaune ou rouge.

El madjoussy ou Hinna el madjoun, croît dans les montagnes; cette plante est caractéristique par la tonalité de verts se déclinant à partir du vert jade, émeraude jusqu'au vert gris. Les sommités sont en forme de cône de pin couvert d'écailles, de couleur blanc jaunâtre. Lors de la maturation, les capitules, en s'ouvrant, donnent une substance laineuse, comme le duvet qui recouvre l'artichaut ; la graine est anguleuse comme celle du Carham. La fleur est petite et pourprée.

El ghaféky , se distingue des autres henné, par la feuille qui ressemble à celle du poivre, et également par la fleur faghiya, ou fleur odorante, qui s'épanouit en grappes composées de petites fleurs, d'un rouge ardent, à partir desquelles on prépare l'huile de henné.

Le henné maghrébin se caractérise par les feuilles, d'un vert plus intense que celles de l'olivier ; la graine est noire comme les grains du sureau, la fleur blanche odorante est pareille à la mousse.

Un peu d'histoire

Le tatouage au henné remonte à quelques milliers d'années en Mésopotamie. Bien avant les invasions islamiques, les Hébreux et les Egyptiens utilisaient le henné. A ce sujet, on découvre dans les textes d'archives, qu'en 1298, 1235 avant Jésus-Christ, l'étude de la momie de Ramsès II, révèle que les cheveux étaient teints au henné. Des textes assyriens du VIIème siècle avant J.C. décrivent les préparatifs du mariage, en précisant que la jeune fille avait les paumes et les ongles teints au henné. En Chine, les fleurs des ongles, ne sont autres que les ongles peints au henné, parure des femmes. Les Vietnamiennes laquaient leurs dents en noir, le henné additionné de produits noircissants leur offrait une teinture économique. Le henné conquiert l'Inde au XIIe siècle.

A Marrakech, dans le sud du Maroc, le henné est un art très présent dans la ville; il se développe amplement par l'intermédiaire des femmes. La population marocaine est constituée d'une mosaïque de peuples, regroupant berbères, arabes et juifs berbérophones habitant les régions de l'Atlas. Du blond au yeux bleus au noir d'ébène, toutes les ethnies sont confondues dans un brassage de populations et de langues mais un lien invisible les unit: le henné.

C'est un talisman

Le henné est utilisé dans les différents rites qui régissent les traditions. On dit que le henné est signe de bonne chance. Une tache de henné dans le creux de la main droite est particulièrement efficace contre le mauvais oeil.

Certains rituels ont peu à peu disparu ou sont moins pratiqués par la nouvelle génération mais d'autres demeurent immuables à l'occasion des fiançailles, du mariage, de la circoncision et du Ramadan.

Puisque le henné constitue un ornement décoratif, il n'est pas appliqué pendant la durée du deuil. Au septième ou au quarantième jour, le henné mis en pâte, circule dans l'assemblée, afin que l'on puisse le toucher, signe de l'autorisation à l'utiliser à nouveau.

Un autre interdit est imposé pendant la période du Ramadan, car c'est le moment où l'être humain se purifie et renonce à tout apport étranger à son corps. La veille du 27ième jour, on procède au tatouage pour éloigner toute influence négative pour le jeûne à venir.

La mariée est coiffée le jour du mariage par une femme heureuse, n'ayant pas de rivale. Après avoir reçu une application de henné, les cheveux sont tressés, enserrés dans un anneau d'argent, symbole de la pureté. La hennayat casse un oeuf sur sa tête, symbole de la fécondité, en nouant les cheveux, elle y introduit deux dattes enduites de miel, symbole du bonheur. Ses mains, ses pieds font l'objet de dessins complexes et deviennent de véritables oeuvres d'art. La plante de henné fait partie aussi des cadeaux traditionnels.

La cérémonie du henné se perpétue dans la coutume de la circoncision. La mère du petit circoncis tresse ses cheveux enduits de henné et les attache avec un bracelet et une loubana, contre le mauvais oeil. La circoncision se pratique entre 1 et 6 ans. L'enfant a souvent de petits dessins de henné sur les mains, les pieds et/ou le lobe des oreilles.

Lorsque le nouveau né apparaît, on dépose sur le cordon lié, un baume composé de farine et de henné afin qu'il soit riche et bon. Après l'avoir purifié on le roule dans la poudre de henné. Le jour de la pose du henné est sacré, c'est une bénédiction divine, il prélude au rite de la circoncision.

L'art de la séduction

Au Maroc, le tatouage fait partie de cet art de séduire. Pour des applications élaborées, les femmes marocaines recourent aux hennayats; entre les mains de ces artistes, la poudre fine se transforme en arabesques somptueusement tatouées sur les mains et les pieds des femmes. La pureté du graphisme, aux superbes motifs géométriques, habilement sculptés à même la peau perpétue une tradition séculaire. Jadis, les hennayats utilisaient un bâtonnet effilé pour ébaucher de fines lignes, de subtiles croix, aujourd'hui elles utilisent des seringues de calibres différents, et avec une précision étonnante, elles tracent leurs dessins. Avec les nouvelles techniques, on peut maintenant exécuter un travail rapide et beau mais on gâte le plaisir qui l'accompagne.

Pour El Aziz Sida, c'est la représentation d'un sentiment intérieur. C'est un art qui exprime les émotions, les états d'âme. El Aziz se laisse bercer par son inspiration; comme un peintre, un sculpteur, elle crée tout simplement, souvent de longues lignes cassées sur lesquelles viennent s'aligner de petits points de chaque côté donnant ainsi l'effet d'une dentelle.

Chez nous, les femmes marocaines font un usage courant du henné pour teindre leurs cheveux, leurs mains et leurs pieds, et appliquent elles-mêmes la pâte. Les femmes qui travaillent beaucoup, peignent le bas des pieds et le côté des mains pour se protéger car le henné nourrit aussi la peau.

Un mode à Paris, New-York et Montréal

En Occident, le body-art a fait fureur dans les années 60. Il est revenu en force l'an dernier à New-York et reprend cet été de la vigueur en un fin tatouage: arabesque, fleur, dessin géométrique, chinois, etc. avec quelques milliers d'années de retard sur son pays d'origine. On l'appelle aussi l'art du Mehndi.

Amusez-vous cet été: créez vos bijoux à même la peau sous forme de bracelet, de collier. Si vous avez la jambe longe, appliquez un motif au-dessus de votre cheville. Dessinez une petite fantaisie sur l'épaule ou osez sur la chute des reins.
Le henné a tissé un lien entre deux cultures

 
 
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