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Grasse, Capitale Mondiale du Parfum

Idéalement située entre la Méditerranée et les Alpes du sud, Grasse est un lieu de villégiature privilégié au climat d'une douceur exceptionnelle. Classée Ville d'Art par la Caisse des Monuments Historiques, Grasse offre à ses visiteurs une architecture d'inspiration à la fois provençale et génoise, qui en fait un site médiéval unique. Au détour des ruelles on découvre de multiples placettes avec leurs marchés de Senteurs et de Saveurs, la cathédrale, de nombreux bâtiments historiques... C'est à Grasse, Capitale Mondiale du Parfum que sont exploitées les Matières Premières les plus recherchées au monde, comme la Rose " Centifolia " et le Jasmin de Grasse.

Tous ceux qui viennent à Grasse découvrent avec émerveillement ses ruelles Parfumées. Les usines et ateliers embaument la cité, elles portent à jamais l'empreinte de l'une des plus belles industries françaises : celle du Parfum.

Mais comment Grasse, petite cité médiévale au charme tout provençal avec ses places ombragées, ses fontaines d'eau vive, est-elle arrivée à une position dominante dans l'industrie du Parfum?

1) La tannerie : un artisanat local

L'économie du pays grassois, dont la dominante est aujourd'hui l'industrie de la Parfumerie, a été longtemps basée sur la culture des oliviers et l'élevage des moutons.

L'existence de sources abondantes, un climat particulièrement doux et l'esprit industrieux des grassois, permirent cependant assez tôt la naissance d'un artisanat local : huilerie, savonnerie, tannerie. Les conditions naturelles convenaient à l'exploitation de plantes fragiles venues de pays lointains et servant à la fabrication des Parfums.

Au XIIème siècle, les tanneurs s'installèrent dans la région de Grasse, riche en sources. Ils firent commerce de leurs cuirs et de leurs peaux. On vivait du tannage, de la culture du blé, de l'huile, des fleurs ou des produits tropicaux. Grasse devint un lieu de fabrication unique réputé pour la qualité de ses produits.

Très tôt aussi le sens commercial aigu des grassois leur fit jouer un rôle de relais entre les grands centres commerciaux de l'Italie du Nord (Gênes et Venise notamment) et les grandes foires de l'Europe Occidentale (Beaucaire, Reims).

Habiles artisans, commerçants et financiers avisés, ils surent profiter pleinement aux XVIlème et XVIIIème siècles de la mode des cuirs Parfumés pour développer les cultures florales locales, la production des essences et des Eaux Parfumées. Les tanneurs grassois se spécialisent dans la ganterie fine en Parfumant délicatement les cuirs, gants et pourpoints avec des graisses et huiles odoriférantes... Les têtes couronnées, nobles ou poudrées se firent bientôt envoyer de Grasse dans leur palais des gilets, des ceintures, des sacs et des éventails Parfumés.

En 1614, par une lettre patente, le roi introduit le titre de " Maître Gantier-Parfumeur ". En 1724, cette nouvelle corporation se détache définitivement de la tannerie et fonde sa propre corporation, précurseur de l'association actuelle des Parfumeurs de Grasse. Les paysans locaux commencèrent à exploiter les plantes à Parfum du pays. On plante dans la campagne grassoise la Tubéreuse, le Jasmin, l'Oranger Sauvage de la Riviera Italienne, la Rose " Centifolia ", la Violette, le Mimosa d'Afrique, la Jonquille, la Lavande de Provence... Le commerce des essences aromatiques entre les paysans et les " GantiersParfumeurs " devint une condition importante pour l'épanouissement du métier de Parfumeur. Les impulsions définitives furent probablement données par les pharmaciens, qui fabriquaient des substances Parfumées contre les maladies contagieuses et qui ont tout naturellement fait appel au savoir-faire réputé des grassois. La Parfumerie de Grasse était née !

2) L'industrie du Parfum : la Parfumerie

A partir de 1759, les impôts élevés mirent un point final à l'activité de la tannerie. La fabrication de produits en cuir Parfumé céda la place durant ce siècle à la production exclusive des Parfums. Les Parfumeurs se spécialisèrent dans la fabrication et la vente des matières premières pour les Parfums et évitèrent ainsi la concurrence avec les Parfumeurs parisiens. L'amélioration de la technique de production permit d'accélérer encore ce développement et la ville connut un essor économique important. Le XVIIIème siècle voit évoluer la Ganterie-Parfumerie vers la Parfumerie.

La révolution freinera cette expansion, mais le XIXème siècle verra ce commerce artisanal se transformer en industrie grâce à deux forces créatrices : la conquête des marchés et la mise au point de procédés de traitements industriels des matières premières (extraction par les solvants volatiles, notamment).

Avant 1800, des Parfumeurs célèbres comme Antoine Chiris fondèrent les premières Parfumeries à Grasse, créant une activité industrielle importante. L'éventail des produits se diversifia : Savons Parfumés à l'Iris et à la Rose, pâtes aromatisées à base de graisse de porc et d'huiles, poudres Parfumées blanchissant les perruques, présentés dès 1825 dans des flacons fabriqués industriellement.

La culture des fleurs est intensifiée et les besoins de l'industrie sont couverts par la production locale, qu'il s'agisse de fleurs ou plantes, cultivées ou sauvages. Les industriels vont également chercher au-delà des mers le complément à la gamme de ces produits. Sous Louis XVI, le grand Parfumeur La Faye crée une succursale à Paris... c'est l'explosion. Le Parfumeur Fargeon fournit la Cour de France et la Reine Marie Antoinette. L'influence de la Parfumerie grassoise devient d'années en années plus considérable.

3) Le Parfum à Grasse : une affaire de famille

La renommée mondiale de Grasse s'inscrit dans une longue tradition de Parfumeurs. L'essor économique, sous la monarchie du XVIème au XVIIIème siècle, concernait surtout les tanneurs et l'artisanat du Parfum, plus particulièrement la fabrication des gants Parfumés.

En plus de ce commerce, les marchands exportaient de l'huile d'Olive vers la Hollande et l'Angleterre, des Savons et des cuirs vers l'Italie. A partir de ces activités familiales furent constituées des sociétés commerciales. L'essentiel du pouvoir de la ville était détenu par une oligarchie composée de familles de négociants anoblies ou de la haute bourgeoisie. Avant la Révolution de 1789, on pouvait dire : " la moitié de l'Europe tire de Grasse ses essences ".

La vie sociale se développa dans l'élégance et le faste sans accentuer les luttes entre noblesse et tiers Etat qui conduiront la France en 1789 à la Révolution.

C'est la raison pour laquelle, la ville fut épargnée par les grands bouleversements sociaux. Ce sont les mêmes familles qui dirigeront la ville sous l'empire Napoléonien et sous la Restauration. En raison d'impôts élevés et du libre échange post-révolutionnaire, le commerce du cuir et les tanneries périclitent. La Parfumerie accéda, aux XVIIème et XIXème siècles, au rang qu'elle occupe encore aujourd'hui. Les nouvelles techniques préludent à la fabrication industrielle du Parfum. La culture des fleurs en progression et l'importation des fleurs à Grasse avant 1914, ainsi que la création de nouveaux produits et la fabrication synthétique de Parfums entre les deux guerres, donnent à Grasse, la réputation de Capitale des Parfums.

C) Le Parfum à Grasse aujourd'hui

La fabrication de l'essence de Rose ou de Jasmin jouent encore un rôle important à Grasse, conservant ainsi la tradition de la cueillette à la main et les marques les plus prestigieuses continuent d'utiliser les fleurs naturelles comme le Jasmin pour composer les Parfums les plus subtils. Aujourd'hui encore, la plupart des grands Parfums sont créés à Grasse.

Et puis c'est la fête...

Chaque année, dans les tous premiers jours du mois d'août, Grasse fête son jasmin légendaire, une fête à caractère provençal et traditionnel. Le corso est composé d'une dizaine de chars somptueusement décorés avec à leur bord, des jeunes filles qui lancent des fleurs de toutes les couleurs. Au total, plus de 150 000 fleurs sont utilisées pour la décoration des chars et pour la bataille de fleurs. La fleur de jasmin étant fragile, on a eu l'idée de se servir d'eau de fleur de jasmin. Ainsi, la tradition veut que les spectateurs soient arrosés d'eau de jasmin, pour le plus grand plaisir des Grassois et des résidents de la Côte d'azur.

 
 
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