Saviez-vous que le parfumeur doit tenir compte non seulement de l'odeur, mais aussi de sa ténacité et du degré de volatilité des différentes essences qui entrent dans sa composition et de leur réaction sur la peau lorsqu'il compose un parfum? Il doit choisir dans une palette d'environ 5 000 à 6 000 essences différentes, chacune possédant sa note et sa personnalité. Le parfumeur doit les associer, les "marier" en des harmonies subtiles jusqu'à trouver l'accord parfait qui enchantera notre sensibilité.
La production des produits aromatiques a des sources locales et étrangères. Le terroir grassois fournissait jadis en quantités considérables des fleurs telles que le Jasmin, la Rose, la Fleur d'Oranger, la Tubéreuse, la Jonquille ; des arbustes comme le Genêt, le Ciste de l'Esterel. La production concernait également le Mimosa du Tanneron ou en provenance du Var. Les feuilles de Violette étaient fournies presque exclusivement par Tourettes-surLoup. Diverses raisons, notamment économiques (coût élevé de la main d'oeuvre, pression immobilière) ont causé la disparition de certaines productions locales ; ainsi la Tubéreuse n'est actuellement produite que par un seul cultivateur et le Ciste provient d'Espagne. Du Massif-Central viennent les Narcisses ainsi que des tonnages importants de Lichens de Pin. La Lavande et le Lavandin poussent notamment dans les Alpes de Haute Provence.
Toutes ces Matières Premières sont de valeurs fort inégales. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'il faut 8 000 fleurs pour avoir un kilo de Jasmin, fleurs qui doivent être cueillies à la main, une à une. Un litre d'essence de Rose la plus pure coûte environ, selon la qualité et l'origine, entre 65 000 et 125 000 francs.
L'approvisionnement en Matières Premières locales ou régionales reste quantitativement important pour Grasse. Aux cultures florales et végétales traditionnelles traitées à Grasse et en Provence, il y a bien sûr tous les produits de complément importés de l'étranger, soit sous forme brute, soit sous forme d'huiles essentielles, la matière première étant dans ce cas traitée sur les lieux de production. Sous forme brute parviennent, entre autres, les matières suivantes : des Racines d'Iris de Toscane, du Bois de Santal des Indes, de la Mousse de Chêne du Maroc, des Gousses de Vanille de la Réunion, des Feuilles de Patchouli,... Sous forme d'huiles essentielles, arrivent de nombreuses essences telles que la Citronnelle de Chine, la Menthe du Brésil, le Girofle de Madagascar...
Les produits d'origine animale tels que le Musc, l'Ambre Gris sont de moins en moins utilisés en raison de leur coût trop élevé. La chimie a su copier la nature et remplacer ces précieux produits.
Pour produire 1 kilo de Basilic de Grasse, il faut 200 kilos d'herbes ; pour 1 kilo de Cannelle de Ceylan, 135 kilos d'écorces ....
Le Jasmin de Grasse, introduit à Grasse vers 1650
Les fleurs délicates du Jasmin cueillies très tôt dans la rosée matinale doivent être rapidement distillées, sous peine de perdre tout leur Parfum. Originaire d'Asie, " la Fleur " comme on l'appelle à Grasse, s'est très bien acclimatée à la région du sud-est de la France. 1 kilo de Jasmin représente environ 10 000 à 20 000 petites fleurs et c'est une tonne de ces pétales (1 000 000 de fleurs) qu'il faut traiter pour obtenir 3 kilos de concrète, lesquels donneront à leur tour 1 à 1,5 kilo d'absolue, incomparable en qualité et utilisée par exemple dans Habanita et Molinard de Molinard.
La Rose " Centifolia " de Grasse, introduite à Grasse vers 1895
Au début du XVIIIème siècle, les paysans locaux commencèrent à exploiter les plantes à Parfum du pays, comme le Jasmin, la Rose, la Fleur d'Oranger, la Tubéreuse, la Jonquille ou le Genêt et le Ciste de l'Esterel. Pour répondre â la demande croissante des Parfumeurs, on plante également dans la campagne grassoise des plantes importées, entre autres, la Rose " Centifolia ", le Mimosa d'Afrique... La Rose " Centifolia " devint très rapidement une matière première indispensable, utilisée par la plupart des " Nez " à Grasse et entre dans la composition de célèbres Parfums de grands créateurs.
Les matières synthétiques ont fait leur apparition au début du siècle avec les progrès de la science. Ainsi, déjà dans les années 20, les Parfums fabriqués à base de composants chimiques faisaient leur entrée. Certains célèbres Parfums créés à Grasse, contiennent exclusivement des substances chimiques.
Le procédé d'analyse de " la spectroscopie de masse " a permis la fabrication de Parfums artificiels, la copie de Parfums naturels ou la création de Parfums entièrement nouveaux, faisant ainsi tomber de façon saisissante le coût de la production. Les marques les plus prestigieuses continuent néanmoins d'utiliser des fleurs naturelles comme le Jasmin.
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