tout savoir sur les tissus: fabrication, choix, entretien, utilisation
D'oû vient le batik ?
Le batik existe depuis plus de 2 siècles. Fabriqué selon des techniques traditionnelles précises, ce tissu a traversé les âges et les cultures sans subir de modification aucune. Le batik viendrait des archipels Malaises. Présent sur tous les continents, il se décline en plusieurs tissus et motifs. En Asie, il se porte en soie pour la Chine et le Japon et en coton pour l'Inde. L'Indonésie, et plus précisément l'île de Java, reste au sommet de l'art batik - le batik originel et traditionnel est une forme d'art de la famille Royale Javanaise.
Qu'est ce que le batik ?
Batik vient de l'indonésien "titik" qui signifie point. Le Batik est l'art de décorer un tissu par des dessins géométriques ou pas, offrant ainsi un large choix de motifs y compris fleurs et animaux. Différentes techniques permettent de varier les effets souhaités sur le tissu qui est teint - et non peint, à la différence de la peinture sur soie- après avoir été induit de cire.
Pour leur capacité d'absorption, le coton et la soie restent les tissus les plus communément utilisés. Le tissu va ainsi subir plusieurs opérations et sera successivement soumis à l'entassement, le sablage, le balayage, la technique de la couture (ou Shibori) ou le pochoir. Selon la taille, le nombre de couleurs à appliquer et les motifs, la fabrication d'un batik peut prendre d'une semaine à plusieurs mois.
Les trois techniques les plus utilisées sont:
1) "tie and dye", technique des ligatures
La technique des ligatures consiste à nouer certaines parties du tissu avec un fil très serré qui empêche la teinture de pénétrer jusqu'au centre du noeud (on peut y insérer au centre un caillou). Le tissu est alors trempé dans la teinture.
Après lavage et séchage, une fois les noeuds défaits, les zones serrées par les fils apparaissent dans la couleur d'origine du tissu alors que le fond du tissu est teinté : ces motifs auront une forme d'anneaux. Pour obtenir des lignes droites on peut aussi plier finement le tissu dans toute sa longueur et le maintenir serré avant de le teinter. Cette dernière est la technique utilisée pour obtenir un motif marbré.
2) La technique des réserves ou tulis
C'est la plus traditionnelle et la plus esthétique. La technique des réserves ou tulis ("écrit" en indonésien) consiste à appliquer sur le tissu de la cire en utilisant un canting (outil en bois avec une petite coupe de métal au bout, où l'on dispose la cire), sur les parties du tissu que l'on ne veut pas teinter. Le travail et la grosseur du trait dépendra de la pointe du canting. Après avoir terminer le motif à la cire, le batikier prépare lui-même ses teintes. S'en suit le trempage du tissu. Les motifs imperméabilisés apparaîtront non teints dans la couleur initiale du tissu (blanc pour les tissus présentés dans notre galerie). On fait alors bouillir le tissu afin de faire fondre la cire. Chaque couleur du batik nécessite un bain de teinture : il y aura autant de bains différents que de couleurs.
Ainsi, un batik à 10 couleurs impliquera de renouveler les opérations de trempage, lavage et séchage 10 fois.
3) Technique du tampon ou cap en indonésien (prononcé tchap) :
Le tampon 'en cuivre' s'est développé sur l'île de Java au 20ème siècle et a révolutionné le batik traditionnel car la technique rend le travail plus rapide et d'aussi bonne qualité. Le tampon en lui-même est de une œuvre d'art, et demande de la minutie. Car ce sont de petites plaques de cuivres qui sont soudées ensemble et peuvent avoir là aussi, des motifs du plus simple au plus compliqué.
Le tampon est trempé dans la cire chaude puis appliqué directement sur le tissu. Puis le tissu est teint, lavé pour enlever la cire comme pour les techniques précédentes. Plus il y a de dessins plus l'ouvrage est compliqué et long.
La Technique du doublon, est donc une combinaison de deux techniques : moitié avec le tampon et moitié à la main.
Chaque ville donne son nom à un motif parmi lesquels vous trouverez les :
- Géométriques : motifs en Diagonal ou bien dit Parang (de la ville de Parang), les motifs carrés, rectangles, le Ceplok, le Kawung, ou bien les vagues, le Limar, motifs près de Yoyajakarta, et pour finir le motif Pakalongan batik du nom de la ville située sur la cote nord de Java Centre.
- Non géométriques :Semen, Lunglungan, Buketan, Cirebon, de Solo. Mais surtout certains motifs ont leur significations :Comme le motif Satrio Manah (pour une demande en mariage), et le motif Semen Rante (pour assurer une relation durable).
- D'autres régions ont leur propre motif en fonction de leur métier et l'environnement
- Les Hollandais utilisaient le batik comme des sarongs et les motifs étaient le plus souvent des motifs de fruits et fleurs de Hollande comme des chrysanthèmes et des grappes de raisins. C'est à partir de là que le batik moderne a fait son entrée.
Les couleurs :
Les couleurs traditionnelles sont le marron, le bleu foncé et le beige. Le bleu est un bleu d'Indigo, le marron est un marron Soga, le Noni ou Mengkudu (Morinda Citrifolia.) donne la couleur rouge, les feuilles d'or étaient surtout appliquées sur les batiks royaux dans la région de Yogyajakarta
Le batik moderne utilise des couleurs plus vives et des teintes chimiques qui permettent une plus grande diversité. Les formes également sont plus représentatives de la faune et de la flore.
Alors qu'on peut le trouver dans les longueurs de plus de 2m pour un habit ou un sarong, vous le trouverez sous forme de selendang (étole) mais également en tissu d'ornement pour les meubles. Généralement le batik utilisé est alors un batik dit "ikat" donc tissé main.
Le batik de Makassar est le summum. La soie de Makassar tissée et teinte, et est la plus belle pièce que vous pourrez avoir.
Comment le choisir ?
Pour choisir un beau batik en coton ou en soie, regardez l'envers du tissu, il doit indiquer la qualité du tissu utilisé. Vérifiez que la pièce de tissu est bien imprimée sur l'endroit comme sur l'envers. C'est la preuve que c'est un batik de fabrication traditionnelle, et que son éclat est visible.
Comment entretenir une pièce de batik ?
Un bon batik ne doit pas perdre sa couleur, mais cela peut arriver si la teinture est naturelle. Il est recommandé de ne pas le laver à la machine, les produits détergents pourraient détériorer le tissu. Le mieux est le lavage à la main dans de l'eau tiède et séparément afin d'éviter le dégorgement sur les autres textiles. La technique traditionnelle est de le laver avec du savon fait à base de fruit de Klerak, peu commun en France, d'où une préférence pour le pressing.
Vous pourrez retrouver du batik sous toutes ses formes en vêtements et en étoles à la boutique Wayanglali 74, bld Malesherbes à Paris. Nous tenons à remercier Daphné Barbedette de la Boutique Wayanglali pour son aimable collaboration à cette chronique.
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